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L'Atelier Photos+Textes des ABS
(Amis de la Bibliothèque de Senlis)
(Amis de la Bibliothèque de Senlis)
1. L'Atelier

Textes proposés par Les Amis de la Bibliothèque de Senlis avec :
Sarah Amblard, René Balavoine, Mathurine Bécuwe , Marie-Christine Cambier, Cathy Louvet, Ghislaine Mauduit, Gérard Oury, Marie Claire Reppel,
- sur 24 photos de Bruno Cohen, meilleur ouvrier de France
- sous la direction d'Alain Bron
- lieux d'exposition : parc écologique de Senlis, bords de l'Aunette à Barbery, lavoir de Bray à Rully, coeur du village de Raray
- l’idée : écrire de très courts textes (poésie ou prose) commentant les photos des deux rivières qui traversent Senlis, l'Aunette et la Nonette.
ces photos+textes sont exposées à Senlis (parc écologique), Rully (lavoir de Bray), Barbery, Raray
Sarah Amblard, René Balavoine, Mathurine Bécuwe , Marie-Christine Cambier, Cathy Louvet, Ghislaine Mauduit, Gérard Oury, Marie Claire Reppel,
- sur 24 photos de Bruno Cohen, meilleur ouvrier de France
- sous la direction d'Alain Bron
- lieux d'exposition : parc écologique de Senlis, bords de l'Aunette à Barbery, lavoir de Bray à Rully, coeur du village de Raray
- l’idée : écrire de très courts textes (poésie ou prose) commentant les photos des deux rivières qui traversent Senlis, l'Aunette et la Nonette.
ces photos+textes sont exposées à Senlis (parc écologique), Rully (lavoir de Bray), Barbery, Raray
2. Les participants

Bruno Cohen, photographe
Bruno Cohen est tombé dans la marmite de la photographie dès le plus jeune âge. Son père avait déjà cette passion et en avait fait son métier.
S'exprimer par la photo, c'était comme une évidence pour lui, un peu à la façon d'une langue étrangère qu'on s'approprie au fur et à mesure.
Ce qui passionne Bruno, c'est l'humain, aussi bien en situation de reportage que pour des images de création pure.
Il a été récompensé par de nombreux prix, dont celui du "Meilleur ouvrier de France" en 2015 pour la photographie d'art.
Site internet https://studiobrunocohen.com/
Bruno Cohen est tombé dans la marmite de la photographie dès le plus jeune âge. Son père avait déjà cette passion et en avait fait son métier.
S'exprimer par la photo, c'était comme une évidence pour lui, un peu à la façon d'une langue étrangère qu'on s'approprie au fur et à mesure.
Ce qui passionne Bruno, c'est l'humain, aussi bien en situation de reportage que pour des images de création pure.
Il a été récompensé par de nombreux prix, dont celui du "Meilleur ouvrier de France" en 2015 pour la photographie d'art.
Site internet https://studiobrunocohen.com/

Alain Bron, écrivain
Alain Bron vit et écrit à Trumilly (Oise) et Paris. Il publie des choses sérieuses (essais de sociologie) et des choses pas sérieuses (romans, polars, nouvelles). A moins du contraire.
Il est sociétaire de la Société Des Gens de Lettres et directeur artistique de L'Art en chemin
Derniers livres publiés :
"Toutes ces nuits d'absence", éditions Les Chemins du hasard, 2018,
"Maux fléchés" format poche, In Octavo éditions 2018
"Le monde d'en-bas", In Octavo éditions 2015 ;
"Vingt-sixième étage", In Octavo éditions, 2013, Prix de la Bibliothèque Nationale de France et du Fonds Handicap (Handi-Livres) 2014 ; audio livre, VoxeBook, 2021, format poche, In Octavo, 2022
Site internet : https://alainbron.ublog.com/ page facebook : https://www.facebook.com/alain.bron.5
Alain Bron vit et écrit à Trumilly (Oise) et Paris. Il publie des choses sérieuses (essais de sociologie) et des choses pas sérieuses (romans, polars, nouvelles). A moins du contraire.
Il est sociétaire de la Société Des Gens de Lettres et directeur artistique de L'Art en chemin
Derniers livres publiés :
"Toutes ces nuits d'absence", éditions Les Chemins du hasard, 2018,
"Maux fléchés" format poche, In Octavo éditions 2018
"Le monde d'en-bas", In Octavo éditions 2015 ;
"Vingt-sixième étage", In Octavo éditions, 2013, Prix de la Bibliothèque Nationale de France et du Fonds Handicap (Handi-Livres) 2014 ; audio livre, VoxeBook, 2021, format poche, In Octavo, 2022
Site internet : https://alainbron.ublog.com/ page facebook : https://www.facebook.com/alain.bron.5

Patrice Lainé
Pendant et après une carrière dans la Police Judiciaire, Patrice Lainé s'est impliqué dans la vie associative de Senlis (Figurants de l'Histoire, CLIO, Vice-Président du Cinéma Jeanne d'Arc, membre actif de la Senlis'Oise). Il est Président des Amis de la Bibliothèque de Senlis, et très actif dans l'association l'Art en Chemin depuis cinq années.
Page Facebook : https://www.facebook.com/Amis-De-La-Biblioth%C3%A8que-De-Senlis-Pr%C3%A9sident-Patrice-LAINE-1691991424410906
Pendant et après une carrière dans la Police Judiciaire, Patrice Lainé s'est impliqué dans la vie associative de Senlis (Figurants de l'Histoire, CLIO, Vice-Président du Cinéma Jeanne d'Arc, membre actif de la Senlis'Oise). Il est Président des Amis de la Bibliothèque de Senlis, et très actif dans l'association l'Art en Chemin depuis cinq années.
Page Facebook : https://www.facebook.com/Amis-De-La-Biblioth%C3%A8que-De-Senlis-Pr%C3%A9sident-Patrice-LAINE-1691991424410906

Sarah Amblard
Elle aime lire. Les poèmes de Baudelaire, les notices et cartels des œuvres de musées, les métamorphoses d’Ovide, des romans actuels souvent.
Elle aime écrire. Les mots sont pour elle une manière de transcrire une approche du réel, un quotidien émaillé de son imaginaire. Elle les unit pour proposer une façon de comprendre les relations entre les êtres.
Et puis, elle étudie l’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre.
Elle a reçu le Prix de la Ville de Senlis au concours d'écriture 2022.
Elle aime lire. Les poèmes de Baudelaire, les notices et cartels des œuvres de musées, les métamorphoses d’Ovide, des romans actuels souvent.
Elle aime écrire. Les mots sont pour elle une manière de transcrire une approche du réel, un quotidien émaillé de son imaginaire. Elle les unit pour proposer une façon de comprendre les relations entre les êtres.
Et puis, elle étudie l’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre.
Elle a reçu le Prix de la Ville de Senlis au concours d'écriture 2022.

René Balavoine
J'écris des textes très courts, souvent surréalistes.
Comme je pratique aussi la gravure au burin,
j'aime établir un lien entre ces deux activités qui exigent concision et précision.
J'écris des textes très courts, souvent surréalistes.
Comme je pratique aussi la gravure au burin,
j'aime établir un lien entre ces deux activités qui exigent concision et précision.

Mathurine Bécuwe
Pendant dix ans présidente des Amis de la Bibliothèque de Senlis
Présidente du jury prix grand public du salon du livre d'histoire Clio
Participante aux ateliers d'écriture de la ville de Senlis depuis 2012
Cinq fois finaliste du concours d'écriture.
Passionnée depuis toujours de lecture et d'écriture
Pendant dix ans présidente des Amis de la Bibliothèque de Senlis
Présidente du jury prix grand public du salon du livre d'histoire Clio
Participante aux ateliers d'écriture de la ville de Senlis depuis 2012
Cinq fois finaliste du concours d'écriture.
Passionnée depuis toujours de lecture et d'écriture

Marie-Christine Cambier
Après avoir enseigné l’histoire et la géographie j’ai intégré depuis peu l’atelier d’écriture de la ville de Senlis.
J’aime les livres, le pouvoir des mots, les histoires racontées ou vécues et les voyages qui offrent des possibilités
de rencontres et de découvertes, ouvrent l’esprit et changent la vie. Tout voyage est comme une écriture.
Après avoir enseigné l’histoire et la géographie j’ai intégré depuis peu l’atelier d’écriture de la ville de Senlis.
J’aime les livres, le pouvoir des mots, les histoires racontées ou vécues et les voyages qui offrent des possibilités
de rencontres et de découvertes, ouvrent l’esprit et changent la vie. Tout voyage est comme une écriture.

Cathy Louvet
Ex-employée péage autoroute, j’habite à Senlis. Secrétaire au sein de l’association des Amis de la Bibliothèque de Senlis, je m’occupe aussi d’une animation dans les Résidences de Personnes Agées de la ville et participe aux concours de lecture avec la bibliothèque au sein des écoles primaires CM1 et du Prix Ado.
Ex-employée péage autoroute, j’habite à Senlis. Secrétaire au sein de l’association des Amis de la Bibliothèque de Senlis, je m’occupe aussi d’une animation dans les Résidences de Personnes Agées de la ville et participe aux concours de lecture avec la bibliothèque au sein des écoles primaires CM1 et du Prix Ado.

Ghislaine Mauduit
Grande lectrice d'essais, biographies et carnets de voyages, j'écris depuis une quinzaine d'années : textes, nouvelles (1er prix du Concours d'écriture de Senlis 2009) et plus récemment Haïkus. J'aime poser des mots sur les "petits riens".
Grande lectrice d'essais, biographies et carnets de voyages, j'écris depuis une quinzaine d'années : textes, nouvelles (1er prix du Concours d'écriture de Senlis 2009) et plus récemment Haïkus. J'aime poser des mots sur les "petits riens".

Gérard Oury
Littérature, poésie et musique me procurent une grande source de réconfort et de joie. J'aime les auteurs qui m’ouvrent une fenêtre sur le monde, comme Gracq, Maupassant, Coloane, Kenji Miazawa... Sur ma table de nuit : Baudelaire, Rimbaud, Michaux et Norac. J'écris aussi des nouvelles dont certaines ont concouru en finale sur le site « shortedition.com ».
Littérature, poésie et musique me procurent une grande source de réconfort et de joie. J'aime les auteurs qui m’ouvrent une fenêtre sur le monde, comme Gracq, Maupassant, Coloane, Kenji Miazawa... Sur ma table de nuit : Baudelaire, Rimbaud, Michaux et Norac. J'écris aussi des nouvelles dont certaines ont concouru en finale sur le site « shortedition.com ».

Marie Claire Reppel
S’émerveiller encore et en corps.
Goûter le monde, caresser un brin d’herbe, respirer le cœur d’une rose, contempler les nuages, écouter le trille d’une mésange. Chercher à ça-voir, ouïr et jouir, tous sens en éveil…
Quêter l’essence de soi, de l’autre, du monde. Chercher la Rencontre.
Par mon travail d’écoute, dans mon chemin d’écriture, pulsent ces désirs.
S’émerveiller encore et en corps.
Goûter le monde, caresser un brin d’herbe, respirer le cœur d’une rose, contempler les nuages, écouter le trille d’une mésange. Chercher à ça-voir, ouïr et jouir, tous sens en éveil…
Quêter l’essence de soi, de l’autre, du monde. Chercher la Rencontre.
Par mon travail d’écoute, dans mon chemin d’écriture, pulsent ces désirs.
3. Les photos + textes exposés
Le recueil "Photos+textes" des Amis de la Bibliothèque de Senlis

Nul obstacle n’arrête mon chemin
Nul écueil ne résiste à mes embruns
Pierres et rocailles, je contourne,
Des entrelacs de broussailles, je me détourne.
Loin de m’arrêter, ces luttes incessantes m’animent... Jamais ne me résigne... sans cesse me re-dessine !
Oui, plus forte que tout, est ma douceur,
Oui, plus fort que tout, bat et chante mon choeur !
Marie-Claire Reppel
Nul écueil ne résiste à mes embruns
Pierres et rocailles, je contourne,
Des entrelacs de broussailles, je me détourne.
Loin de m’arrêter, ces luttes incessantes m’animent... Jamais ne me résigne... sans cesse me re-dessine !
Oui, plus forte que tout, est ma douceur,
Oui, plus fort que tout, bat et chante mon choeur !
Marie-Claire Reppel

Mais bon sang ! Vous voulez vraiment arrêter l’eau ? Mais elle va où elle veut, quand elle veut, comme elle veut, l’eau. Le ruisseau, la rivière, le fleuve, la mer, ils bougent tout le temps, depuis toujours. Creuser, éroder, changer le paysage, c’est le travail de l’eau, depuis que le monde est monde. Alors ne cherchez pas à arrêter l’eau, vous n’y parviendrez pas, jamais ! Ou alors, si vous persistez, c’est des catastrophes que vous créerez. Vous aurez des inondations, des tornades, des tsunamis, car rien n’arrête l’eau, jamais. L’eau, il faut l’aimer, la comprendre, la respecter, l’accompagner. Et en outre, n’oubliez pas que nous sommes aussi faits d’eau...
Gérard Oury

« Senlis est traversée d’un ruisselet plus doux que le ruban de moire de ta robe des dimanches, un clair ruban d’eau douce, la Nonette que ton cœur écoute sous les branches » Paul Fort.
La rivière glisse sous l’abondante chevelure des arbres. Eau claire, calme, blanche et douce comme le lait, lait de la nature mère, source de vie qui rappelle la plus douce des nourritures. Et puis vient le courant qui saisit et porte sur l’eau la barque comme le battement du sang jeune et la palpitation continue d’advenir. À l’heure de la nuit, l’eau verdit, s’assombrit, avale l’ombre comme un noir sirop, découpant au clair de lune les îlots de peupliers. La promenade le long de la rivière tire sa force de ce qu’elle est « chemin de vie ».
Marie-Christine Cambier

Elle est assise dans l’herbe sèche, les doigts dans l’eau. Elle ne peut attraper la fluidité, alors elle joue avec la lueur. Elle ferme les yeux. Il est assis plus loin, ses jambes déjà immergées.
Elle courbe le dos et enfonce son bras dans le courant. Elle distingue mal ses doigts maintenant, comme happés par le limon. Il se met à chanter, sur la berge.
Elle laisse ses muscles se détendre. L’eau a mouillé ses manches. Elle plonge une deuxième main dans l’eau. Elle attrape un caillou et le sort. Des gouttes perlent puis s’échouent sur son jean.
Il lui sourit. Puis il sort ses jambes de l’eau, dans un grand bruit. La quiétude revient.
Sarah Amblard

Je vis à Senlis. Il y a une rivière. On la traverse sur un petit pont. J’aime l’eau. Je sais aussi qu’elle peut tuer. Chez nous, en Somalie, on en manquait toujours. Des gens mouraient de soif. Quand ma mère est morte, on n’avait plus rien à manger. La sécheresse, et aussi les soldats. Ils ont tout volé. Alors je suis parti.
Trois ans de voyage. J’ai traversé le désert avec un flot de réfugiés. La soif. La soif. En Libye, ils nous battaient. Ils tuaient aussi. Puis la mer. Un bateau bondé. Il a coulé. On était cent-dix. Presque tous noyés. Dix-huit heures dans l’eau. C’était l’été, heureusement, mon gilet m’a sauvé. Aujourd’hui, je fais la plonge, je mange trois fois par jour, j’ai un lit pour dormir et j’envoie un peu d’argent au pays. Vous auriez fait quoi, à ma place ?
Gérard Oury
Trois ans de voyage. J’ai traversé le désert avec un flot de réfugiés. La soif. La soif. En Libye, ils nous battaient. Ils tuaient aussi. Puis la mer. Un bateau bondé. Il a coulé. On était cent-dix. Presque tous noyés. Dix-huit heures dans l’eau. C’était l’été, heureusement, mon gilet m’a sauvé. Aujourd’hui, je fais la plonge, je mange trois fois par jour, j’ai un lit pour dormir et j’envoie un peu d’argent au pays. Vous auriez fait quoi, à ma place ?
Gérard Oury

Aunette et Nonette, que voulez-vous ?
Je veux que vous n’oubliiez pas que notre eau a arrosé vos cultures et abreuvé vos troupeaux pendant d’innombrables générations, répondit l’Aunette,
Je veux que vous vous souveniez des dizaines de moulins qui, le long de mon cours, ont moulu vos céréales, renchérit la Nonette,
Et surtout, nous voulons qu’à votre tour, vous preniez soin de nous comme nous l’avons fait pour vos princes, vos poètes et vos ancêtres afin que nous puissions continuer notre compagnonnage pendant longtemps encore, dirent-elles ensemble !
Ghislaine Mauduit

– Que veux-tu délicate Aunette ?
– Je veux embellir tes matins d’automne lorsque j’inonde les paysages d’un encens brumeux,
Et Je voudrais te rappeler La Claire Fontaine et l’onde pure dans laquelle un agneau se désaltérait, de ta jeunesse,
Enfin j’aimerais que tu règles tes pas sur mon timide débit et que tu admires le vol agité des libellules en été.
Ghislaine Mauduit

– Que veux-tu fière Nonette ?
– Je veux faire oublier la triste Hogsmill River où Millais a fait s’endormir à tout jamais la douce Ophélie,
Je voudrais rayer de la carte la sinistre Ouse River dans laquelle Virginia a choisi de prendre son dernier bain,
Et j’aimerais te rappeler cet élégant poète dont la stèle dit « Ici repose un être dont le nom était écrit sur l’eau », ainsi que ma cousine, la tendre Launette qui câline le berceau rassurant de l’Ile aux peupliers.
Ghislaine Mauduit
– Je veux faire oublier la triste Hogsmill River où Millais a fait s’endormir à tout jamais la douce Ophélie,
Je voudrais rayer de la carte la sinistre Ouse River dans laquelle Virginia a choisi de prendre son dernier bain,
Et j’aimerais te rappeler cet élégant poète dont la stèle dit « Ici repose un être dont le nom était écrit sur l’eau », ainsi que ma cousine, la tendre Launette qui câline le berceau rassurant de l’Ile aux peupliers.
Ghislaine Mauduit

Et l’eau, lente, paisible, coule comme le temps qui passe. Les jeux d’ombre et de lumière emportent le regard. Eau réfléchissante, eau miroir. Tout est reflet et mirage. Doublés par le miroir liquide, bouquets plumeux de roseaux, saules, aulnes, frênes, troncs blancs des bouleaux se reflètent sur l’eau tremblante où flottent feuilles de macres et nénuphars. C’est la nature qui se contemple. L’onde contient le ciel en son sein. Le temps s’écoule. La rêverie commence devant l’eau courante de la rivière. L’eau invite au voyage imaginaire. Près de l’eau, sur l’eau on apprend à voguer sur les nuages, à nager dans le ciel. Pensée détendue et heureuse, et c’est Balzac qui écrit « La rivière fut un sentier sur lequel nous volions ».
Marie-Christine Cambier

Une pluie drue. Sur les feuilles, sur les pavés, sur l’herbe, sur le goudron. Elle use les fibres, les pierres, creuse des rigoles. La pluie s’immisce partout.
Les fleurs baissent la tête à chaque goutte qui frappe leur corolle. Elles recueillent cette ondée, qui glisse sur leurs pétales et s’échoue sur le sol. La pluie rencontre la rivière. Elle s’y mêle, par des ondes fines et infinies. La pluie prend une couleur verte de ru. Quand la complainte des nuages rencontre le suc de la terre.
Sarah Amblard

À contre-courant L’eau épelle
ses comptines
Ses doigts dénouent ses tresses fluides
René Balavoine

Bertille, genoux pliés sur le coussin de sa caisse en bois, d'un geste leste et précis tel un chef d'orchestre sa main, soulève le battoir et frappe dur l'épais drap de coutil étalé sur la pierre blanche de savon moussant.
Par cet été caniculaire, l'eau est très fraîche.
Malgré la voute épaisse qui la protège, Bertille transpire.
Mathurine Becuwe

Ces algues vertes couleur céladon comme les cheveux d'une Ophélie noyée, flottant sur l'onde paisible.
Cette haie de roseaux à la venvole, frémissant sous un doux Zéphir m'incline à pourpenser.
Me voilà prise de métromanie.
Diantre, je ne voudrais pas me mettre à rimailler !
Pourtant, mon oreille bercée par l'unissonance des clapotis de l'eau m'emparadise.
Mathurine Becuwe
Cette haie de roseaux à la venvole, frémissant sous un doux Zéphir m'incline à pourpenser.
Me voilà prise de métromanie.
Diantre, je ne voudrais pas me mettre à rimailler !
Pourtant, mon oreille bercée par l'unissonance des clapotis de l'eau m'emparadise.
Mathurine Becuwe

Ciel bleu, un matin d'hiver,
Dans l'eau claire, la lune jette un dernier regard.
Le soleil lève ses yeux vers elle, vers l'infini.
Leurs éclats se croisent dans l'Aunette.
Furtivement le courant les sépare.
Demain, peut-être, se retrouveront-ils vers le petit pont de bois.
Cathy Louvet

De vie, je regorge...
et toi, tu cherches à me faire rendre gorge.
Je t’offre mes nutriments...
et toi, tu me lestes de tes restes déliquescents
Je ne suis pourtant point une décharge, que de tant d’immondices, tu me charges.
Tant d'infects dépôts... Oh Homme, tu oublies ?...
Qu’au fond de mes eaux, c’est la vie, ta vie, que tu asphyxies !
Marie-Claire Reppel

Jeudi. Ciel gris, bas. Il pleut depuis trois jours. Un déluge.
Dans les jardins ouvriers, les légumes, les fraises, les fleurs sont noyées. Désarroi des habitants proches de la rivière.
L’eau s’engouffre dans les caves.
Rage, impuissance, angoisse. Tant de souvenirs perdus.
La nature se révolte. Elle manifeste sa colère.
Sommes-nous prêts à changer nos habitudes pour stopper le réchauffement climatique ?
Cathy Louvet

L'orage gronde sur les bords de la Nonette.
Les gouttes de pluie éclatent en petits champignons. Heureuses les poules, heureux les canards et les canetons.
Caquetages, clapotis, tonnerre, vaguelettes.
Sont les seuls bruits que l'on entend
Au bord de la Nonette emportée par le courant.
Cathy Louvet

Je suis la goutte tombée du ciel, la source qui jaillit, la mer qui luit. De tous temps, je passais par ici.
C’est mon destin, de tailler mon chemin, de me creuser un lit, pour que vivent, plantes, bêtes et gens.
Sans moi, pas de place pour l’épinoche, la grenouille, l’aigrette ou le héron. Pas de place non plus pour les iris du printemps, ni pour le saule qui invite aux rêves et qui attend le peintre et sa boîte d’aquarelles.
J’étais, je suis, je serai là.
Gérard Oury

Les rayons du soleil crépitent à la surface de l’eau. Cela forme des feux de joie dans le froid matinal.
Tous deux marchent au bord de la rivière. Leurs joues sont mordues par le vent glacial. Quand ils s’approchent des berges, ils peuvent voir dans la rivière le reflet du ciel clair brouillé par le courant, les nuages écumants et l’atmosphère étourdie.
Et s’ils se penchaient, ils pourraient observer les tréfonds bruns, les pierres glissantes, la végétation aquatique, de rares fretins. Ils marchent main dans la main.
L’eau paraît invincible comme une aube d’hiver. Elle glisse hâtivement entre les rives, pour rejoindre au plus vite son pays de dormance.
Sarah Amblard

L’arche du pont
jette sa tresse d’argent
qui sifflote :
Des chants de toutes les rivières Babel liquide.
Que savons-nous de l’eau qui fuit ?
René Balavoine

Si Alexandre Dumas fils n’est pas tendre avec Senlis disant de la Nonette « c’est un ruisseau où seuls les chiens peuvent se baigner », Gérard de Nerval a trouvé un bonheur indicible suivant, depuis Chantilly jusqu’à Senlis, le cours de la Nonette « une des chères petites rivières où j’ai pêché des écrevisses », eau claire, paisible, fraîche, brillante. Dans ses promenades du Valois, il sourit au prodige de Saint Rieul au bord de l’Aunette : interrompu par des grenouilles lors d’une de ses prédications, il leur ordonna de se taire et les grenouilles gardèrent le silence. Ces moments de silence comme un long point d’orgue.
Ce silence imposé par le génie du lieu.
Marie-Christine Cambier

Au lavoir, se conte l’Histoire,
Au lavoir, s’écoule la Mémoire...
Ici, toges et caleçons
étaient battus à l’unisson !
Ici, les vaillantes lavandières s’escrimaient,
Tant de mécréantes poussières, elles combattaient.
Au loin en aval, le courant de la Rivière,
avalait les souillures de tant d’humaines Misères.
Marie-Claire Reppel

La rivière tisse ses rêves Elle roule des hanches
et ondule
comme un ventre lisse
et clame son éternel désir.
René Balavoine

Contemplative devant le parapet où coule la Nonette, c'est elle la petite nonne Clarisse du clos Saint Etienne.
Après les vêpres, dans la douceur de cette fin de jour, en parfaite harmonie avec la paisible rivière, petite silhouette drapée dans sa robe de bure beige, regard perdu dans le reflet céruléen de l'eau, elle écoute le silence.
Mathurine Becuwe