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L'Atelier Photos+Textes de la Médiathèque de Creil
1. L'Atelier
Textes proposés par la Médiathèque Chanut de Creil avec :
Marion Baticle-Pothier, Annie Descauchereux, Claudine Lefranc, Stéphane Matcheumadjeu, Françoise Thoer
- sur 24 photos de Gaël Clariana, en partenariat avec L'Espace Matisse de Creil
- sous la direction d'Alain Bron, écrivain, directeur artistique de L'Art en chemin
- lieux d'exposition : Montée à Cricri, Creil
- l’idée : écrire de très courts textes (poésie ou prose) commentant les photos des passages de Creil (ponts, chemins, escaliers, arcades, passerelles,...)
Marion Baticle-Pothier, Annie Descauchereux, Claudine Lefranc, Stéphane Matcheumadjeu, Françoise Thoer
- sur 24 photos de Gaël Clariana, en partenariat avec L'Espace Matisse de Creil
- sous la direction d'Alain Bron, écrivain, directeur artistique de L'Art en chemin
- lieux d'exposition : Montée à Cricri, Creil
- l’idée : écrire de très courts textes (poésie ou prose) commentant les photos des passages de Creil (ponts, chemins, escaliers, arcades, passerelles,...)
2. Les participants
Gaël Clariana, photographe
Diplômé de l’ÉSAD en 1998, photographe, Gaël Clariana partage ses activités entre des recherches personnelles et des travaux de commandes (patrimoine, cinéma…), il débute en photographiant le patrimoine gothique dans un premier temps pour le Centre Gothique en Picardie et dans un second pour MONUM à Paris. Il enseigne à la Faculté des Arts d’Amiens. Il devient artiste associé à l'acap (pôle image Picardie) en 2000. Révélation pour ce médium à l’age de 10 ans, dès lors il ne cessera de photographier, il considère cette pratique magique, fascinante et captivante.
A 17 ans, il acquiert son premier laboratoire et approfondit la pratique du tirage qu’il trouve essentielle au prolongement de l’enregistrement photographique, mais aussi une manière de modeler la lumière. Très tôt il pense au bien fondé de la couleur et en sa capacité d’émotion. Deux rencontres successives avec William Eggleston le confortent dans le choix de l’utilisation de la photographie couleur dans son travail.
Site internet : https://www.gaelclariana.com/
Diplômé de l’ÉSAD en 1998, photographe, Gaël Clariana partage ses activités entre des recherches personnelles et des travaux de commandes (patrimoine, cinéma…), il débute en photographiant le patrimoine gothique dans un premier temps pour le Centre Gothique en Picardie et dans un second pour MONUM à Paris. Il enseigne à la Faculté des Arts d’Amiens. Il devient artiste associé à l'acap (pôle image Picardie) en 2000. Révélation pour ce médium à l’age de 10 ans, dès lors il ne cessera de photographier, il considère cette pratique magique, fascinante et captivante.
A 17 ans, il acquiert son premier laboratoire et approfondit la pratique du tirage qu’il trouve essentielle au prolongement de l’enregistrement photographique, mais aussi une manière de modeler la lumière. Très tôt il pense au bien fondé de la couleur et en sa capacité d’émotion. Deux rencontres successives avec William Eggleston le confortent dans le choix de l’utilisation de la photographie couleur dans son travail.
Site internet : https://www.gaelclariana.com/
Alain Bron, écrivain
Alain Bron vit et écrit à Trumilly (Oise) et Paris. Il publie des choses sérieuses (essais de sociologie) et des choses pas sérieuses (romans, polars, nouvelles). A moins du contraire.
Il est sociétaire de la Société Des Gens de Lettres et directeur artistique de L'Art en chemin
Publications récentes :
"Toutes ces nuits d'absence", éditions Les Chemins du hasard, 2018,
"Maux fléchés" format poche, In Octavo éditions 2018
"Vingt-sixième étage", Prix de la Bibliothèque Nationale de France et du Fonds Handicap (Handi-Livres) 2014 ; audio livre, VoxeBook, 2021 ; format poche, In Octavo, 2022
Site internet : https://alainbron.ublog.com/ page facebook : https://www.facebook.com/alain.bron.5
Alain Bron vit et écrit à Trumilly (Oise) et Paris. Il publie des choses sérieuses (essais de sociologie) et des choses pas sérieuses (romans, polars, nouvelles). A moins du contraire.
Il est sociétaire de la Société Des Gens de Lettres et directeur artistique de L'Art en chemin
Publications récentes :
"Toutes ces nuits d'absence", éditions Les Chemins du hasard, 2018,
"Maux fléchés" format poche, In Octavo éditions 2018
"Vingt-sixième étage", Prix de la Bibliothèque Nationale de France et du Fonds Handicap (Handi-Livres) 2014 ; audio livre, VoxeBook, 2021 ; format poche, In Octavo, 2022
Site internet : https://alainbron.ublog.com/ page facebook : https://www.facebook.com/alain.bron.5
Marion Baticle-Pothier
Enfant solitaire, les livres que je dévorais étaient des amis précieux qui m’ont accompagnée et m’accompagnent encore. Aujourd’hui je suis conteuse ; les mots et les histoires tiennent une place primordiale dans ma vie et j’aime les raconter et les partager avec toutes les oreilles qui veulent m’écouter.
Mais, écrire génère d’autres plaisirs. Écrire pour jouer avec les mots et les laisser fondre sur la langue comme un bonbon… Écrire pour revivre, en les posant sur le papier, de précieuses pépites d’émotion éphémères : la nostalgie d’un Noël passé, le pelage d’un chat, le sourire d’un inconnu… Écrire pour s’inventer quand on en a envie !
Enfant solitaire, les livres que je dévorais étaient des amis précieux qui m’ont accompagnée et m’accompagnent encore. Aujourd’hui je suis conteuse ; les mots et les histoires tiennent une place primordiale dans ma vie et j’aime les raconter et les partager avec toutes les oreilles qui veulent m’écouter.
Mais, écrire génère d’autres plaisirs. Écrire pour jouer avec les mots et les laisser fondre sur la langue comme un bonbon… Écrire pour revivre, en les posant sur le papier, de précieuses pépites d’émotion éphémères : la nostalgie d’un Noël passé, le pelage d’un chat, le sourire d’un inconnu… Écrire pour s’inventer quand on en a envie !
Annie Descauchereux
Depuis ma plus jeune enfance, je lis. L’écriture est venue après.
D’abord contrainte par la discipline du geste, elle s’est libérée, décomplexée pour m’apporter la sérénité.
Je ne suis jamais seule quand j’aligne les lettres. Chercher le mot juste occupe mes nuits d’insomnie.
Un papier, un crayon, me voilà bien accompagnée !
Depuis ma plus jeune enfance, je lis. L’écriture est venue après.
D’abord contrainte par la discipline du geste, elle s’est libérée, décomplexée pour m’apporter la sérénité.
Je ne suis jamais seule quand j’aligne les lettres. Chercher le mot juste occupe mes nuits d’insomnie.
Un papier, un crayon, me voilà bien accompagnée !
Claudine Lefranc
J’aime surtout écrire avec des consignes, dans un atelier d’écriture. La feuille blanche que je dois couvrir de mots sortis de mon imaginaire est une adversaire attachante. Ces mots, je ne les attendais pas, ils me surprennent souvent. L’atelier d’écriture est mon moteur. J’aime l’écriture créative, le slam, les mots pas sages, mais aujourd’hui, je me présente avec des mots choisis que vous trouverez peut-être jolis pour vous parler de paysages. Je suis venue pour vous.
J’aime surtout écrire avec des consignes, dans un atelier d’écriture. La feuille blanche que je dois couvrir de mots sortis de mon imaginaire est une adversaire attachante. Ces mots, je ne les attendais pas, ils me surprennent souvent. L’atelier d’écriture est mon moteur. J’aime l’écriture créative, le slam, les mots pas sages, mais aujourd’hui, je me présente avec des mots choisis que vous trouverez peut-être jolis pour vous parler de paysages. Je suis venue pour vous.
Stéphane Matcheumadjeu
Très influencé par ma mère, l'écriture a laissé des traces. Mes mains tachées d'encre aiment griffonner des mots, des idées vouées à avorter ou bien partir vers des descriptions parfois gourmandes en figure de style. Pour moi, l'écriture est un outil extensible de la pensée accouchée sur le papier et c'est une horreur de ne pas avoir de stylo à mes côtés si des informations bouillent dans ma tête.
Très influencé par ma mère, l'écriture a laissé des traces. Mes mains tachées d'encre aiment griffonner des mots, des idées vouées à avorter ou bien partir vers des descriptions parfois gourmandes en figure de style. Pour moi, l'écriture est un outil extensible de la pensée accouchée sur le papier et c'est une horreur de ne pas avoir de stylo à mes côtés si des informations bouillent dans ma tête.
Françoise Thoër
J’écris des résumés de réunions vécues dans le cadre d’associations afin de mémoriser les décisions, de garder trace de ce qui a été échangé, de rechercher une rédaction engageante.
J’écris des résumés de conférences auxquelles j’ai assisté pour consolider les informations historiques, repérer les avancées scientifiques, les nouvelles interrogations…
J’écris en atelier d’écriture — comme je joue avec des amis aux jeux de société— pour associer lettres, mots, sonorités, couleurs, sensations, émotions, idées. C’est un moment d’amusement, de partage et d’étonnement.
J’écris des résumés de réunions vécues dans le cadre d’associations afin de mémoriser les décisions, de garder trace de ce qui a été échangé, de rechercher une rédaction engageante.
J’écris des résumés de conférences auxquelles j’ai assisté pour consolider les informations historiques, repérer les avancées scientifiques, les nouvelles interrogations…
J’écris en atelier d’écriture — comme je joue avec des amis aux jeux de société— pour associer lettres, mots, sonorités, couleurs, sensations, émotions, idées. C’est un moment d’amusement, de partage et d’étonnement.
3. Les photos + textes exposés
Photo 1 Stéphane Matcheumadjeu
De loin, on croit à un véhicule jeté dans les bois, un orphelin de la cité, une monture en fuite. En réalité, je suis Scooter des Bois, le justicier à deux roues, le baroudeur unique, le rebelle rutilant. J’ai décidé de sillonner les terres, de rugir dans la forêt, de devenir un moteur à gages, une machine à redonner du sens aux paysages, à l’environnement bafoué, à l’air souillé. Sur mon trône, nourri de mon biocarburant, j’attends sagement de frapper les Bitume Brothers au sein de mon royaume d’adoption, ma bulle verte.
De loin, on croit à un véhicule jeté dans les bois, un orphelin de la cité, une monture en fuite. En réalité, je suis Scooter des Bois, le justicier à deux roues, le baroudeur unique, le rebelle rutilant. J’ai décidé de sillonner les terres, de rugir dans la forêt, de devenir un moteur à gages, une machine à redonner du sens aux paysages, à l’environnement bafoué, à l’air souillé. Sur mon trône, nourri de mon biocarburant, j’attends sagement de frapper les Bitume Brothers au sein de mon royaume d’adoption, ma bulle verte.
Photo 2 Annie Descauchereux
« Où habitez-vous ? » demande le maitre. « Dans un château », répond l‘enfant. Les rires fusent dans la classe. « Mais c’est vrai ! » s’insurge son ami. « Chez lui, il y a un escalier comme à Chambord, mais c’est plus moderne, avec un grand garage partagé par tous ! ». Les mauvais rires se taisent. « Quelle chance ! » soupire le maitre, lui qui n’arrive pas à se garer devant son immeuble résidentiel où chaque place de parking est disputée.
« Où habitez-vous ? » demande le maitre. « Dans un château », répond l‘enfant. Les rires fusent dans la classe. « Mais c’est vrai ! » s’insurge son ami. « Chez lui, il y a un escalier comme à Chambord, mais c’est plus moderne, avec un grand garage partagé par tous ! ». Les mauvais rires se taisent. « Quelle chance ! » soupire le maitre, lui qui n’arrive pas à se garer devant son immeuble résidentiel où chaque place de parking est disputée.
Photo 3 Marion Baticle-Pothier
Dans la ville, une rue
dans cette rue, un immeuble,
sous l’immeuble, une voute,
sous la voute, un pigeon,
dans le pigeon un tout petit cœur,
et dans ce tout petit cœur, la vie de la ville qui palpite.
Dans la ville, une rue
dans cette rue, un immeuble,
sous l’immeuble, une voute,
sous la voute, un pigeon,
dans le pigeon un tout petit cœur,
et dans ce tout petit cœur, la vie de la ville qui palpite.
Photo 4 Marion Baticle-Pothier
Je marche dans cette ville, qui, sous les lueurs du dernier soleil, se prend pour un tableau de Derain.
Personne dans les rues, mais je ne me sens pas seule pour autant.
Les fenêtres entrebâillées m’invitent dans d’autres intimités où l’odeur du petit salé se mêle à celle du mafé, où des échos de raï répondent à l’accordéon…
Toute l’humanité, en somme.
Je marche dans cette ville, qui, sous les lueurs du dernier soleil, se prend pour un tableau de Derain.
Personne dans les rues, mais je ne me sens pas seule pour autant.
Les fenêtres entrebâillées m’invitent dans d’autres intimités où l’odeur du petit salé se mêle à celle du mafé, où des échos de raï répondent à l’accordéon…
Toute l’humanité, en somme.
Photo 5 Stéphane Matcheumadjeu
J’avais perdu mes clés. Mon cœur s’est emballé, j’ai dû retourner sur mes pas pour les retrouver. Mais l’ambiance avait changé de ton. Un parcours hachuré de zones noires, entouré d’émanation de vapeurs. J’ai décidé de déguerpir rapido. Mais mon corps se mit à flageoler. Je fus irrémédiablement poussé vers ces profondes fissures aux odeurs raffinées et magnétiques. En pleine flippe, la fuite me fut impossible. Dans cette emprise mystérieuse, le chemin envoûtant se fichait de ma volonté et de mes clés aussi perdues que moi.
J’avais perdu mes clés. Mon cœur s’est emballé, j’ai dû retourner sur mes pas pour les retrouver. Mais l’ambiance avait changé de ton. Un parcours hachuré de zones noires, entouré d’émanation de vapeurs. J’ai décidé de déguerpir rapido. Mais mon corps se mit à flageoler. Je fus irrémédiablement poussé vers ces profondes fissures aux odeurs raffinées et magnétiques. En pleine flippe, la fuite me fut impossible. Dans cette emprise mystérieuse, le chemin envoûtant se fichait de ma volonté et de mes clés aussi perdues que moi.
Photo 6 Annie Descauchereux
Cricri, ton chemin n’est pas toujours droit ! Tes jambes grêles rendent tes pas hésitants. La bouteille que tu tiens t’hypnotise, mais tu la détestes.
Arrête-toi. Pose-la au sol et laisse-la rouler, prendre de la vitesse sur la passerelle qui relie ta grotte d’ermite au centre de la ville moderne.
Elle ira où le vent et le hasard la guideront. Avec elle, ton message de liberté sera inoubliable.
Cricri, ton chemin n’est pas toujours droit ! Tes jambes grêles rendent tes pas hésitants. La bouteille que tu tiens t’hypnotise, mais tu la détestes.
Arrête-toi. Pose-la au sol et laisse-la rouler, prendre de la vitesse sur la passerelle qui relie ta grotte d’ermite au centre de la ville moderne.
Elle ira où le vent et le hasard la guideront. Avec elle, ton message de liberté sera inoubliable.
Photo 7 Marion Baticle-Pothier
Plier bagages, prendre la route
Qu’on y croit ou bien qu’on s’en foute
Faut avancer coute que coute
Tenir debout, jamais out
Toujours lutter contre ses doutes
Ses peurs visqueuses comme du mazout
La vie comme un ballon de foot :
Tu la regardes ou tu la shootes !
Plier bagages, prendre la route
Qu’on y croit ou bien qu’on s’en foute
Faut avancer coute que coute
Tenir debout, jamais out
Toujours lutter contre ses doutes
Ses peurs visqueuses comme du mazout
La vie comme un ballon de foot :
Tu la regardes ou tu la shootes !
Photo 8 Françoise Thoër
Je me sens forte sur mes jambes qui fendent l’air frais, sur mes pieds qui épousent le sol.
Je me dis choisie par le soleil ! Il me réchauffe le dos, les cheveux !
Monter jusqu’à la maison de grand’mère. Quelle joie !
Bientôt mes bras autour de sa taille, mon nez posé sur sa blouse. J’inspire à fond.
Enfin deux petits bisous au goût de lavande sur mes joues rouges.
Je me sens forte sur mes jambes qui fendent l’air frais, sur mes pieds qui épousent le sol.
Je me dis choisie par le soleil ! Il me réchauffe le dos, les cheveux !
Monter jusqu’à la maison de grand’mère. Quelle joie !
Bientôt mes bras autour de sa taille, mon nez posé sur sa blouse. J’inspire à fond.
Enfin deux petits bisous au goût de lavande sur mes joues rouges.
Photo 9 Stéphane Matcheumadjeu
« Reine d’Égypte », « déesse grecque », « souveraine de la cité », ces appellations m’honorent. Mon présent émane de ces dalles marquées par les jeux d’enfants. Des moments de réflexion et des rires chahutés l’ont forgé. Une belle solidarité l’a consolidé. Dans ma tête, des histoires à la pelle surgissent et circulent entre les murs jusqu’au ciel. Les fantômes investissent le parvis et les sons s’échappent des étages dans une variété d’accents. Fière et accomplie, je contemple mes racines, mon berceau, ma ville.
« Reine d’Égypte », « déesse grecque », « souveraine de la cité », ces appellations m’honorent. Mon présent émane de ces dalles marquées par les jeux d’enfants. Des moments de réflexion et des rires chahutés l’ont forgé. Une belle solidarité l’a consolidé. Dans ma tête, des histoires à la pelle surgissent et circulent entre les murs jusqu’au ciel. Les fantômes investissent le parvis et les sons s’échappent des étages dans une variété d’accents. Fière et accomplie, je contemple mes racines, mon berceau, ma ville.
Photo 10 Claudine Lefranc
Il faut arrêter là. Les barrières font frontière. D’un côté, la forêt qu’on a tranchée à grand renfort de bulldozer, de l’autre, des immeubles qui veulent tutoyer le ciel. Un chêne monte la garde. Sur son tronc bien droit, comme des trophées, un cœur gravé et une flèche de direction pour les promeneurs égarés.
Il faut arrêter là. Les barrières font frontière. D’un côté, la forêt qu’on a tranchée à grand renfort de bulldozer, de l’autre, des immeubles qui veulent tutoyer le ciel. Un chêne monte la garde. Sur son tronc bien droit, comme des trophées, un cœur gravé et une flèche de direction pour les promeneurs égarés.
Photo 11 Annie Descauchereux
D’une allure chaloupée, je remonte le boulevard. Ni bruit ni gaz d’échappement. Une petite musique trotte dans ma tête. J’accroche sa partition aux grilles. Des barreaux s’envolent les notes délicates. Mes mains pianotent sur la rambarde rouillée, mes pieds dansent sur les pavés. J’ose un pas de côté, puis un autre. J’oublie l’ennui pesant du dimanche après-midi.
En haut de la rue, mon amie m’attend.
Ce soir, ce sera salsa et tequila !
D’une allure chaloupée, je remonte le boulevard. Ni bruit ni gaz d’échappement. Une petite musique trotte dans ma tête. J’accroche sa partition aux grilles. Des barreaux s’envolent les notes délicates. Mes mains pianotent sur la rambarde rouillée, mes pieds dansent sur les pavés. J’ose un pas de côté, puis un autre. J’oublie l’ennui pesant du dimanche après-midi.
En haut de la rue, mon amie m’attend.
Ce soir, ce sera salsa et tequila !
Photo 12 Claudine Lefranc
Ce soir, en retrait des immeubles, la grosse pierre posée dans le champ est devenue table. Autour, des femmes enturbannées parlent fort. La palabre se déroule ! Toutes apportent leur écot, les comptes se font. Un gros achat, un voyage au pays, la tontine permet tout ça, chacune son tour.
Ce soir, en retrait des immeubles, la grosse pierre posée dans le champ est devenue table. Autour, des femmes enturbannées parlent fort. La palabre se déroule ! Toutes apportent leur écot, les comptes se font. Un gros achat, un voyage au pays, la tontine permet tout ça, chacune son tour.
13 Annie Descauchereux
De marche en marche, je sautille.
Dans ma bouche un bonbon fond doucement.
« Ne mets pas le papier par terre ! » crie ma mère.
Le papier glisse. Je m’arrête. Je trouve cela joli, le rouge sur le gris.
Je souris, sur le bleu de la palissade pousse une verte forêt.
Il fait beau dans ma tête.
De marche en marche, je sautille.
Dans ma bouche un bonbon fond doucement.
« Ne mets pas le papier par terre ! » crie ma mère.
Le papier glisse. Je m’arrête. Je trouve cela joli, le rouge sur le gris.
Je souris, sur le bleu de la palissade pousse une verte forêt.
Il fait beau dans ma tête.
Photo 14 Claudine Lefranc
Dans mes souvenirs, un escalier déroule ses marches. Montmartre, ma tante, la rue Chappe qui grimpe à l’assaut de la butte à grand renfort de pavés, de rampes, de réverbères.
Parfois, comme un bonbon, une montée en funiculaire jusqu’au Sacré Cœur.
J’ai 10 ans.
Dans mes souvenirs, un escalier déroule ses marches. Montmartre, ma tante, la rue Chappe qui grimpe à l’assaut de la butte à grand renfort de pavés, de rampes, de réverbères.
Parfois, comme un bonbon, une montée en funiculaire jusqu’au Sacré Cœur.
J’ai 10 ans.
Photo 15 Françoise Thoër
Sous le portique protecteur de la maison rousse,
Nos douces lèvres,
Beaucoup venues d’ailleurs,
Lancent plaintes, soupirs et silences.
Le cèdre argenté nous fait signe
D’œuvrer à une cité d’équité.
Sous le portique protecteur de la maison rousse,
Nos douces lèvres,
Beaucoup venues d’ailleurs,
Lancent plaintes, soupirs et silences.
Le cèdre argenté nous fait signe
D’œuvrer à une cité d’équité.
Photo 16 Françoise Thoër
L’Oise a mis ses soieries d’ocre pailletées d’or. Légère odeur de pourriture.
La rivière glisse et murmure. Je l’accompagne.
Interdite, je foule les herbes sèches.
Là-bas, sous l’arche, plus de passage pour moi !
L’Oise a mis ses soieries d’ocre pailletées d’or. Légère odeur de pourriture.
La rivière glisse et murmure. Je l’accompagne.
Interdite, je foule les herbes sèches.
Là-bas, sous l’arche, plus de passage pour moi !
Photo 17 Marion Baticle-Pothier
T’en souviens-tu, ma tourterelle, de ce pays lointain ?
De cette terre, près de Kharkiv, où je t’aimais si bien ?
Une pluie de feu, de fer, de haine nous a poussés au loin.
Et, las, comme me manquent ma langue, la maison, ton jardin,
Le parfum poudré des roses, et la douceur de ton sein,
Quand je m’éveillais à Zmïv, ton corps tout contre le mien.
T’en souviens-tu, ma tourterelle, de ce pays lointain ?
De cette terre, près de Kharkiv, où je t’aimais si bien ?
Une pluie de feu, de fer, de haine nous a poussés au loin.
Et, las, comme me manquent ma langue, la maison, ton jardin,
Le parfum poudré des roses, et la douceur de ton sein,
Quand je m’éveillais à Zmïv, ton corps tout contre le mien.
photo 18 Stéphane Matcheumadjeu
Qu’est-ce qu’il se passe ? J’étouffe en plein air. Perdu dans l’urbanité grandissante, je rapetisse.
Mon chemin s’éparpille. Un monde fou envahit le peu d’espace qu’il me reste. Ambiance anxiogène, zéro masque à oxygène. L’alerte déclenchée, je dois me dépêcher. En une rapide marche, mon corps se tasse. La verticalité me comprime, la profondeur de champ m’éloigne. Mes tempes battent. À la merci de la ville, moi, l’être vivant, je cède à l‘être géométrique.
Qu’est-ce qu’il se passe ? J’étouffe en plein air. Perdu dans l’urbanité grandissante, je rapetisse.
Mon chemin s’éparpille. Un monde fou envahit le peu d’espace qu’il me reste. Ambiance anxiogène, zéro masque à oxygène. L’alerte déclenchée, je dois me dépêcher. En une rapide marche, mon corps se tasse. La verticalité me comprime, la profondeur de champ m’éloigne. Mes tempes battent. À la merci de la ville, moi, l’être vivant, je cède à l‘être géométrique.
Photo 19 Stéphane Matcheumadjeu
Elle passe, elle s’arrête, elle repart, elle revient, elle se fige, elle traverse. Demi-tour. Sa tête bouge de bas en haut et de gauche à droite. Les yeux écarquillés, puis les sourcils froncés, elle observe avec minutie. Perdue ? Elle se gratte le front, pousse des soupirs et s’adonne à des volte-face incessantes. Là, elle trébuche. Plaquées contre le bitume, ses mains coupent une colonne de fourmis qui descendent une rampe. Elle réalise enfin que ce lieu étrange correspond à son point de rendez-vous. Les insectes auront égayé sa journée.
Elle passe, elle s’arrête, elle repart, elle revient, elle se fige, elle traverse. Demi-tour. Sa tête bouge de bas en haut et de gauche à droite. Les yeux écarquillés, puis les sourcils froncés, elle observe avec minutie. Perdue ? Elle se gratte le front, pousse des soupirs et s’adonne à des volte-face incessantes. Là, elle trébuche. Plaquées contre le bitume, ses mains coupent une colonne de fourmis qui descendent une rampe. Elle réalise enfin que ce lieu étrange correspond à son point de rendez-vous. Les insectes auront égayé sa journée.
Photo 20 Marion Baticle-Pothier
La vie et la ville bruissent autour d’elle, mais elle ne les entend plus.
Elle s’est enfin décidée à lire ce texto qui semblait la brûler depuis le matin.
Son regard croise une petite fleur qui se dresse entre deux pavés. Elle veut y voir un bon augure.
Et si les nouvelles étaient enfin bonnes ?
La vie et la ville bruissent autour d’elle, mais elle ne les entend plus.
Elle s’est enfin décidée à lire ce texto qui semblait la brûler depuis le matin.
Son regard croise une petite fleur qui se dresse entre deux pavés. Elle veut y voir un bon augure.
Et si les nouvelles étaient enfin bonnes ?
Photo 21 Stéphane Matcheumadjeu
Deux pilotes luttent contre des zones de turbulence. Aux secousses, s’ajoutent des sons stridents et une légère perte d’altitude. Sereins, ils manœuvrent, guidés par le sens vital de leur mission. Derrière eux, l’unique passager se débat. Le courant descendant l’aspire. Le phénomène ne s’estompera qu’à son départ précipité. D’un regard et d’un geste, l’un des pilotes le rassure. Revenu dans la cabine, son collègue annonce “ Pilote 1 à Tour de contrôle, préparons l'atterrissage du bébé vers le monde réel “.
Deux pilotes luttent contre des zones de turbulence. Aux secousses, s’ajoutent des sons stridents et une légère perte d’altitude. Sereins, ils manœuvrent, guidés par le sens vital de leur mission. Derrière eux, l’unique passager se débat. Le courant descendant l’aspire. Le phénomène ne s’estompera qu’à son départ précipité. D’un regard et d’un geste, l’un des pilotes le rassure. Revenu dans la cabine, son collègue annonce “ Pilote 1 à Tour de contrôle, préparons l'atterrissage du bébé vers le monde réel “.
Photo 22 Annie Descauchereux
Dans ma main, une ligne de vie. Sous mes pieds, une ligne de terre.
Hier, j’avançais avec le vent des arbres dans la tête et le rose des fleurs dans le cœur. Aujourd’hui, les hommes ont bétonné le paysage et dompté les ruisseaux. Par dépit, la nature s’est mise en deuil. Elle a perdu ses feuilles. Le fleuve résiste. Mais pour combien de temps ?
Moi, je continue ma marche.
Dans ma main, une ligne de vie. Sous mes pieds, une ligne de terre.
Hier, j’avançais avec le vent des arbres dans la tête et le rose des fleurs dans le cœur. Aujourd’hui, les hommes ont bétonné le paysage et dompté les ruisseaux. Par dépit, la nature s’est mise en deuil. Elle a perdu ses feuilles. Le fleuve résiste. Mais pour combien de temps ?
Moi, je continue ma marche.
Photo 23 Françoise Thoër
J’entends la ritournelle du merle perché dans l’aulne déplumé.
Dans un roncier, pique ici, pique là, je cherche un petit déjeuner.
La fraîcheur de l’humus m’a éveillée.
Après la douce ondée de la nuit, bientôt remonteront les vers.
Pique là, pique ici.
Le merle m’agace. Merlette affairée je suis, et lui casse-pattes.
J’entends la ritournelle du merle perché dans l’aulne déplumé.
Dans un roncier, pique ici, pique là, je cherche un petit déjeuner.
La fraîcheur de l’humus m’a éveillée.
Après la douce ondée de la nuit, bientôt remonteront les vers.
Pique là, pique ici.
Le merle m’agace. Merlette affairée je suis, et lui casse-pattes.
Photo 24 Claudine Lefranc
La randonnée ouvre l’horizon et aère l’esprit. On se sent en harmonie avec l’environnement.
Comme j’aimais marcher en forêt ! Je venais y retrouver la sérénité, une carte IGN à la main, guidée par les repères jaunes sur les arbres.
C’était avant, quand mes jambes étaient jeunes.
La randonnée ouvre l’horizon et aère l’esprit. On se sent en harmonie avec l’environnement.
Comme j’aimais marcher en forêt ! Je venais y retrouver la sérénité, une carte IGN à la main, guidée par les repères jaunes sur les arbres.
C’était avant, quand mes jambes étaient jeunes.
La Côte à Cricri de Creil
Voilà le pourquoi de la Côte à Cricri ! (ou la Montée à Cricri ou l'Allée à Cricri)
Voilà le pourquoi de la Côte à Cricri ! (ou la Montée à Cricri ou l'Allée à Cricri)