Rétrospective Emmanuel GODEFROY
18 mai au 30 septembre 2019
au Centre Culturel Départemental Saint-Riquier en Baie de Somme
18 mai au 30 septembre 2019
au Centre Culturel Départemental Saint-Riquier en Baie de Somme
Envoûté, je peux rester de longs moments devant les portraits que réalise Emmanuel Godefroy. J’entre dans ses tableaux par le trait. D’abord, vague, aléatoire, le trait se fait de plus en plus précis, acéré. Alors les portraits me parlent, ils se confient, puis m’accompagnent.
Le visage, souvent piqueté, déchiré, gribouillé, cabossé, scarifié, porte toujours un regard de résilience. La nuque, forte, droite, affirme la volonté de vivre debout. Malgré le passé difficile, malgré le présent précaire. Malgré tout. Le front porte des marques. Chocs contre le mur du silence. Chocs contre la solitude. Chocs contre l’incompréhension. Les narines frémissent, elles présagent du second souffle que va prendre le personnage. Les yeux, lucides, perspicaces, parlent. J’entends : « J’ai survécu aux pires souffrances, tu n’as pas le droit de te plaindre ». Alors, je me tais.
L’homme, couvert de larmes, a des bleus au cœur. Il vit pourtant. Il vit par et pour ses souvenirs lumineux. Il vit pour recouvrir de ses pensées candides le mal qu’il s’est fait, le mal qu’il a pu faire. Il vit pour exaucer des prières sans dieux. Il vit pour les torrents de mots prêts à dévaler de son imagination. Il appartient comme vous, comme moi, à l’humanité. Il renaît.
La femme me prend par la main. Elle m’accompagne à l’orée du champ. Là, de la glaise, surgissent les masques de ses ancêtres. Chercheur d’or ou peut-être prophète, artisans de l’âme sans aucun doute, ils sortent du sommeil paradoxal. Ils ne se présentent pas sous l’apparence des vanités effrayantes. Devenus immortels, leur parole résonne encore et toujours : « Durant notre bref passage sur cette terre, autant apporter le plus d’amour possible. »
Les masques me rassurent, ils m’exhortent à contempler ces paysages d’infini, ces horizons où la terre se confond avec le ciel, ces lunes qui percent les nuages, ces crépuscules où les certitudes deviennent friables. Au bord d’une route improbable, je m’arrête, attentif, silencieux. L’orage gronde. La nuit, sabrée d’une lueur d’espoir, m’enveloppe, m’emporte vers l’immensité des plages, et m’invite à me perdre pour mieux me retrouver.
Alain Bron, écrivain
mai 2019
Le visage, souvent piqueté, déchiré, gribouillé, cabossé, scarifié, porte toujours un regard de résilience. La nuque, forte, droite, affirme la volonté de vivre debout. Malgré le passé difficile, malgré le présent précaire. Malgré tout. Le front porte des marques. Chocs contre le mur du silence. Chocs contre la solitude. Chocs contre l’incompréhension. Les narines frémissent, elles présagent du second souffle que va prendre le personnage. Les yeux, lucides, perspicaces, parlent. J’entends : « J’ai survécu aux pires souffrances, tu n’as pas le droit de te plaindre ». Alors, je me tais.
L’homme, couvert de larmes, a des bleus au cœur. Il vit pourtant. Il vit par et pour ses souvenirs lumineux. Il vit pour recouvrir de ses pensées candides le mal qu’il s’est fait, le mal qu’il a pu faire. Il vit pour exaucer des prières sans dieux. Il vit pour les torrents de mots prêts à dévaler de son imagination. Il appartient comme vous, comme moi, à l’humanité. Il renaît.
La femme me prend par la main. Elle m’accompagne à l’orée du champ. Là, de la glaise, surgissent les masques de ses ancêtres. Chercheur d’or ou peut-être prophète, artisans de l’âme sans aucun doute, ils sortent du sommeil paradoxal. Ils ne se présentent pas sous l’apparence des vanités effrayantes. Devenus immortels, leur parole résonne encore et toujours : « Durant notre bref passage sur cette terre, autant apporter le plus d’amour possible. »
Les masques me rassurent, ils m’exhortent à contempler ces paysages d’infini, ces horizons où la terre se confond avec le ciel, ces lunes qui percent les nuages, ces crépuscules où les certitudes deviennent friables. Au bord d’une route improbable, je m’arrête, attentif, silencieux. L’orage gronde. La nuit, sabrée d’une lueur d’espoir, m’enveloppe, m’emporte vers l’immensité des plages, et m’invite à me perdre pour mieux me retrouver.
Alain Bron, écrivain
mai 2019